A Un harnais motorisé peut être une excellente solution pour voler seul loin des sites surpeuplés. L'appareil suédois Mosquito semble le mieux conçu du marché . C'est la plus simple des motorisations auxiliaires pour delta, autrement dit un dispositif d'envol incorporé conçu pour : décoller, rejoindre l'ascendance, ne pas modifier les caractéristique et comportement de l'aile, pouvoir redémarrer en vol, et, accessoirement, être d'une prise en main évidente. Comment réaliser un tel compromis ? prenez un petit moteur (12cv, 8 kg), mettez-le au niveau de vos pieds, dans le harnais, utilisez un réducteur à courroie crantée, utilisez une hélice en fibre de carbone fixée sur un petit arbre. Il ne manque plus que : un petit réservoir (4 litres) fixé sur le montant de trapèze, 2 cannes qui frottent sur le gazon pendant la course de décollage pour protéger l'hélice et porter l'ensemble. Cela semble archaïque mais c'est très efficace et très stable au décollage. Ces 2 cannes se replient automatiquement lorsque vous fermez le harnais. Bien sûr, sur le côté du harnais vous avez accès : au décompresseur, au starter, à la corde du lanceur manuel (ce moteur démarre très bien), à l'accélérateur. Tout cela est fourni et intégré dans un harnais. Donc, vous ne pouvez pas réutiliser votre vieux harnais. Comment installer le Mosquito sur votre aile la première fois ? C'est très rapide ; vous aurez deux petites modifications à faire : installer un loop à chaque liaison bord d'attaque / transversale pour attacher des cordes latérales qui garantissent la voile contre un éventuel découpage par l'hélice (en cas de très, très violentes turbulences) couper la quille à 1,20 m du point d'accrochage pour permettre le passage de l'hélice (c'est déjà fait sur beaucoup d'ailes, il suffit de déposer le manchon arrière). Quelle aile peut-on utiliser ? une aile relativement amortie mais tout de même performante car la maniabilité reste absolument inchangée. Comment installer le Mosquito avant le vol ? montez l' aile comme à l'habituel, fixez le réservoir sur le côté du trapèze (30 secondes), fixez les 2 anneaux rapides chaque loop (30 secondes), fixez l'hélice (30 secondes). Eh oui, c'est prêt ! Prêt à décoller? Johan Åhling (prononcer Oling) - le fabricant vraiment très sympa - m'avait prévenu : prise en main évidente ! Laisse ton aile voler. Eh oui… rien à ajouter ! Séquence de décollage : démarrez le moteur, laissez chauffer 2 mn. levez l'aile comme d'habitude (vous ne portez pas du tout le moteur, les cannes le font très bien pour vous),Quand vous êtes prêt, accélérez avec la pince entre les dents (archaïque mais efficace), courrez progressivement, en trois pas l'aile se porte. Sans vent en 10 m vous êtes en l'air ; avec 10/15 km/h, de vent, en 3 m vous êtes en l'air. C'est 10 fois plus facile qu'un parapente à moteur : l'aile se porte et ne risque pas de se fermer pendant la course, l'ensemble est très stable et le maintien de la trajectoire est évident. Vous pouvez vous détendre, votre aile vole comme en libre mais, rappelez vous : le moteur n'est pas un Rotax 582, donc ne poussez pas comme un fou, laissez voler, votre barre de contrôle est en arrière de sa position normale car votre corps est avancé (environ200mm) pour équilibrer le poids du moteur. C'est un détail très important qui surprend pendant les premiers vols même si on le comprend bien. Pour Le premier vol vous décollez comme vous devriez un matin sans ascendance, vous atteindrez 700 m en 10 mn et 1500 m en 20/25 mn. Vous pouvez arrêter le moteur, fermer le harnais et mettre le frein d'hélice. Vous réalisez comme déjà évoqué que votre aile vole comme en libre même mise en virage, même inversion de virage. même vitesse, même taux de chute (différence difficilement mesurable). Une hélice ne doit pas obligatoirement être repliable en vol . Maintenant vous êtes à 300 m. Ouvrez votre harnais et suivez votre prise de terrain habituelle. Restez allongé jusqu'à 40 m sol. Inutile de se relever à 150 m. Rassurez-vous. Si, vous êtes inquiet pour l'atterrissage, un delta se pose mieux avec un Mosquito qu'en libre. En final, lorsque les patins frottent sur le sol, poussez, c'est tout. Maintenant vous pouvez expérimenter l'arrêt et le redémarrage en vol. Pour redémarrer : relâchez le frein d'hélice (et vérifiez que l'hélice tourne), tirez le décompresseur, tirez le starter (si le moteur est froid), accélérez légèrement, avec les deux mains si vous n'êtes pas très fort, tirez le lanceur. Si le moteur est froid, donnez un seul coup avec le starter puis ôtez-le. Le moteur démarre très bien. Pensez a enlever le décompresseur. Une journée sans thermique, en modulant votre régime pour seulement rester en l'air vous volerez 2 heures avec le réservoir de 4 litres. Qui n'a pas rêvé d'aller chercher de si beaux cumulus ! Maintenant, vous pouvez vous attaquer aux vols thermiques. Le Mosquito est d'abord conçu pour cela .Vous pouvez beaucoup apprendre en volant avec un moteur car vous avez le droit à plusieurs erreurs de choix dans la journée . B Le delta est un outil de plaisir de premier ordre et associé à un harnais motorisé, il fait oublier les soucis d’éloignement des sites de montagnes et… leurs problèmes de navettes ! La plupart des pilotes arrivent en droite ligne du delta L’approche du Mosquito pour un pilote autonome n’est pas difficile à condition… qu’il veuille bien écouter HUMBLEMENT les quelques conseils qu’on pourra, non moins humblement, lui fournir… C’est vrai que ça commence mal. Un pilote qui a 20 ans de pratique n’est pas vraiment disposé à écouter qui que ce soit . Quelques rappels élémentaires : 1. Il n’est pas difficile de faire du vélo mais tout humain qui monte sur un vélo la première fois sans apprentissage se casse la gueule…C’est presque pareil avec le Mosquito. Donc, pas de honte à se former… On ne décolle QUE lorsque l’aile génère autant de portance que la masse totale à décoller : il est donc inutile et surtout dangereux de se jeter dans le trapèze ! Si ça passe en montagne quand il y a du gaz à la sortie du tremplin, sur le plat avec le Mosquito le tarif c’est au moins une hélice… sans compter la honte devant les copains du libre qui, cependant, ne manqueront pas l’occasion pour conclure que «les harnais motorisés : c’est de la m…». Donc si l’aile ne vous arrache pas dans les 25 m, c’est simple : arrêtez de courir en maintenant l’ensemble droit (surtout ne pas se laisser tomber comme une loque car l’aile va tomber vers l’arrière et risque fort de rencontrer l’hélice…) et recommencez plus tard… 3. Si l’on ne peut pas toujours choisir les conditions d’atterrissage, on peut TOUJOURS choisir celles du décollage, et, en particulier, ne pas insister bêtement si c’est critique. Le plus critique n’est pas le vent nul mais le vent nul avec des thermiques qui déclenchent de tous les côtés et qui font tourner la manche de 360°. Il est FONDAMENTAL de placer un fanion à 50m devant pour partir dans le bon créneau et … pour s’arrêter si le vent passe «cul» pendant la course. En tout cas, la prise en main doit ABSOLUMENT se faire avec un minimum de 10 km/h de vent, la brise de mer étant évidemment l’idéal. Voilà pour les conditions… Pour l’entraînement, les parapentistes , font des gonflages pour affiner leur technique. Il est conseillé vivement, AVANT le premier essai de décollage, d’apprendre à courir tout équipé MAIS AVEC LE MOTEUR ARRETE (oui, oui !) . Si vous y arrivez correctement, vous n’aurez aucun problème pour décoller ! Si vous n’y arrivez pas, ce n’est pas que le Mosquito est une invention merdique, non, c’est que vous êtes mauvais . Rassurez vous, il est bien rare que la première fois qu’un parapentiste essaie de gonfler, il y arrive comme un pro ! Et pourtant, ils y arrivent tous par la suite et c’est pourtant beaucoup plus difficile que de courir en tirant un Mosquito ! Il n’est pas utile de le refaire 50 fois mais il n’est pas non plus inutile de recommencer tant qu’on n’y arrive pas proprement. C’est-à-dire tenir l’assiette, tenir le cap. Par la même occasion, vous réaliserez qu’il vaut mieux avoir choisi une aile conviviale… Bien sûr, comme pour le vrai décollage, choisissez les conditions ! N’essayez pas par 20 km/h ou plus de vent raffaleux. Cela sera aussi assez difficile par vent nul. Ensuite, le vrai décollage . Le terrain est FONDAMENTAL : plat. Pas de décollage en descente car vous n’aurez pas de droit à l’erreur, surtout si… on ne peut pas poser en bas ! Pas de décollage face à un barbelé ); pas de décollage 150m derrière les peupliers. En bref, réfléchissez…Voilà pour le décollage. Pour l’atterrissage, qui représente tout de même le point critique du pilote delta «confirmé», en MOSQUITO : c’est beaucoup plus... facile ! Le corps du pilote est avancé par rapport à sa position en libre d’une part et, d’autre part, les pattes du train qui traînent donnent une très bonne indication pour le pousser (et freinent aussi un peu). Il suffit de prendre de la vitesse (le plan des montants au niveau de poitrine), de tangenter et quand les cannes traînent de pousser non vers l’avant mais vers le haut, dans le plan du corps. Encore une fois, c’est au moins 5 fois plus facile qu’en libre surtout si on a choisi la bonne aile… Ah ! Bonne question ! Quelle aile ? Il faut d’abord ne pas oublier que le MOSQUITO est l’arme «anti tas» absolue. Donc, les perfos de l’aile ne sont plus fondamentales pour rester en l’air. C’est une erreur d’essayer de gagner quelques cm/s de taux de chute au prix d’un investissement nettement supérieur et d’une perte de convivialité souvent non négligeable. Certains vous diront (surtout ceux qui n’ont jamais essayé d’ailleurs !!!) que le MOSQUITO fait perdre de la maniabilité… Oui, c’est vrai en PTS serrée, d’ailleurs sans intérêt, mais en vol disons «normal», celà n'est plus vrai , et je répète qu’en montagne, il n’y a aucun besoin de serrer le caillou mais qu’il vaut mieux aller chercher la pompe devant et qu’il est aussi bien confortable de ne pas devoir voler dans le paquet pour accrocher. Il faut donc, pour la phase d’adaptation, une aile intermédiaire qui privilégie la facilité, légère et conviviale. Pendant la course, je peux vous assurer qu’entre une aile de 35 kg et un MAMBO de 24, la différence est énorme !!! Pour voler «plaisir» et en particulier en MOSQUITO il est conseillé de choisir un MAMBO ou un LAMINAR EASY plutôt qu’un TOPLESS d'occasion que vous pourrez effectivement trouver pour une bouchée de pain. A déconseiller également toutes les ailes «ex – haut de gamme» des années 90 qu’on trouve quasi neuves pour rien ou presque : ce sont, entre autres, ces ailes qui ont amené la pratique du delta où elle en est aujourd’hui… N’oubliez pas qu’il faudra couper la quille à 1m20 du point d’accrochage. Ce n’est pas possible sur certaines ailes sans changer les câbles . Heureusement, il semble aujourd’hui que quelques constructeurs se penchent à nouveau sur le milieu de gamme, avec le savoir faire accumulé sur le haut de gamme. Il ne doit pas être trop difficile de concevoir des ailes légères, sûres et maniables qui volent sans problème à 75 km/h. On ne vole pas à 100 km/h avec un MOSQUITO ! TECMA fabrique un très beau MAMBO, ELLIPSE produit toujours le FUJI qui a fait beaucoup d’heureux, Rappelons tout de même que la durée de vie d’une aile delta est largement supérieur à celle d’un paramoteur. Joel Letouzet |